Témoignage de Sylvie Ouvry, agricultrice dans le bocage ornais, suite à la projection du film « les Fils de la terre ».

L’objectif de cette après midi était d’aborder le thème de l’isolement en milieu rural et en agriculture…histoire de faire fonctionner le volet « social » du trépied « durable » !
Plantons le décor : L’auteur, journaliste, a perdu son père, agriculteur, d’un suicide. Il aborde donc ce thème du suicide en agriculture faisant un parallèle entre son vécu et celui d’un jeune installé dans le lot. En tant qu’agriculteurs nous sommes souvent démunis fasse à ce que peuvent vivre nos proches, nos voisins. Ce film met en lumière le décalage de génération, la difficulté pour un jeune à s’imposer, à dépasser le poids de la filiation. Il n’est pas rare que les parents n’arrivent pas à quitter pour laisser la place, peut-être par peur du « vide », d’un « vivre autrement » à construire.
Dans les Fils de la terre, l’auteur souligne l’engrenage de la production à tout prix, du temps à passer à travailler en oubliant pourquoi l’on vit. L’amour de la terre et du métier doivent-ils se vivre à l’encontre des liens sociaux, de la vie de famille, des temps de loisirs ? Aimer son métier de paysan, est-ce que ça implique de n’avoir les yeux rivés que sur l’agriculture, le travail … en oubliant qu’un monde entier existe et permet d’exister ? Doit-on produire de plus en plus pour avoir l’impression de mieux réussir ?
D’après Madame PIETTE, responsable de la cellule personnes en difficulté à la MSA, et Jean Luc Fouyer, de l’association Solidarité Paysans, les suicides en agriculture sont la résultante de dépression, la dépression étant une maladie à part entière. Divers facteurs peuvent être les déclencheurs : le surcroît de travail, des situations financières tendues, la peur du regard des autres, la maladie…
Il est difficile dans notre catégorie socio-professionnelle de faire la part des choses entre la maladie qui touche beaucoup d’autres professions et l’isolement, les difficultés financières, la pression, les heures de travail, … Il reste cependant certain qu’il y a en France entre 500 et 800 suicides par an en agriculture ! Pourtant, ce sujet est souvent tabou, fait peur, et surtout nous laisse impuissants, mal à l’aise. Nous aurions souhaité approfondir comment ne pas rester « indifférents »…il semble que ce soit bien compliqué. Mais il est toujours possible de faire des signalements auprès de nos élus MSA, de Solidarité Paysan, qui se chargeront de contacter la personne, qui sera prise en charge … si elle le souhaite. Un conseil, allez voir ce film et surtout parlez-en avec vos voisins, ce sera déjà un premier pas !